STATIONNEMENT GENANT AU HAVRE

8/02/2017 – Après l’instauration de 213 nouvelles places payantes aux abords du Carré des Docks, ce sont 114 autres qui vont le devenir aux abord de la gare routière du Havre. Sujet épineux sur lequel la ville avance masquée.

CONTENU EDITORIAL

La gare routière réaménagée

Ah, le stationnement payant au Havre… Une question qui divise la Porte Oceane depuis de nombreuses années. Déjà au début des années 2000, l’ancien maire du Havre, Antoine Rufenacht, provoquait un tollé en émettant l’idée de rendre le boulevard Albert 1er, aux abords de la plage, payant. A l’époque, l’idée était de lutter contre les “voitures piquets” dont la plupart restaient garées des jours avec leur panneau “à vendre”. Avec l’émergence des annonces par internet, cet argument n’a plus lieu d’être et le boulevard Albert 1er est toujours gratuit aujourd’hui et a même été étendu. Ceci dit, il est toujours d’actualité quand il s’agit d’ouvrir le parc de stationnement payant à un endroit un autre dans la ville. C’est d’ailleurs celui de Yves Huchet, adjoint au maire du Havre chargé de la voirie, quand il parle du futur placement de la rue Charles Laffitte en zone verte.

“La zone verte va permettre de désengorger cette rue et de lutter contre les voitures ventouses”

Les mots changent, les méthodes restent.

DES CHANGEMENTS SURPRISES

Lors de l’examen du budget 2017 au conseil municipal du Havre en 2016, une délibération a été adoptée pour se doter de 400 nouveaux horodateurs. Ce contingent a été présenté comme un remplacement du matériel actuel, seulement ouvert aux cartes bancaires. Ceci permettrait de lutter contre le vandalisme notamment dus à la présence de monnaie dans les horodateurs. Lors de la séance du 6 février au conseil municipal du Havre, le conseiller socialiste Matthieu Brasse a rappelé cet épisode et s’est étonné des suites.

“Lors de l’examen du budget, vous (s’adressant au maire du Havre Edouard Philippe ndlr) nous aviez dit que ces horodateurs serviraient à remplacer le parc actuel et on s’aperçoit maintenant que certains vont être installés dans une nouvelle zone de stationnement”

Réponse d’Edouard Philippe: “Bon oui, on a dit qu’on allait acheter 400 nouveaux horodateurs et sur les 400, il y en a 390 qui vont servir au renouvellement”

Et ça, c’était la veille de l’annonce du placement en zone verte de la rue Charles Laffitte. Mais bon, on reste soft à la Ville du Havre d’après Yves Huchet.

“Attendez, c’est une zone verte, c’est à dire de 9h à 12 et de 14h à 17h30”

Certes, mais ceci s’ajoute à la hausse des tarifs initiée en 2015 (50% pour les abonnements) et à une augmentation exponentielle du parc de stationnement payant depuis 20 ans au Havre qui s’élève aujourd’hui à plus de 11 000 places. En 2010, l’un des précesseurs de Yves Huchet, le regrettait Daniel Ozanne affirmait que le prix du parking servait à exclusivement à l’entretenir. Changement de ton lors la réévaluation de 2015 dans les propos de Yves Huchet rapportés par nos confrères de Paris-Normandie.

“Le stationnement sur voirie ou en ouvrage est une prestation que propose la Ville et donc qui doit être payée. Non pas seulement par les havrais mais par tous les automobilistes qui choisissent de se garer au Havre”

En rapprochant les deux déclarations, on pourrait donc parler d’un impôt mais l’ajoint au maire s’était déjà vu poser la question à l’époque et l’avait qualifiée de “démagogue”. Il n’empêche que cet apport financier doit bien aider la Ville du Havre à ne pas augmenter les impôts locaux depuis plusieurs années.

UN ENJEU ECOLOGIQUE ?

Une fois qu’on a dit ça, doit-on dire pour autant que l’objectif du Havre en étendant son parc de stationnement payant est seulement financier ? Oui, si on ne regarde que l’argent sorti de la poche des automobilistes. Oui, si on se dit que certains usagers ont délaissé la voiture au profit des transports en commun qui, s’ils sont gérés par l’Agglomération Havraise (CODAH), génèrent en partie et indirectement des revenus au Havre. Non, si on se souvient que la Ville est aussi engagée dans le projet “Villes Respirables” initié par la Ministre de l’Ecologie et du Développement Durable, Ségolène Royale, en 2015. D’ailleurs, lors de la séance du 6 février en conseil municipal, une délibération a été adoptée afin de réaliser à titre local une des 15 actions que prévoit ce projet: restreindre l’accès d’une partie de la ville aux véhicules polluants. Une convention pourrait être prochainement signée. Alors, que veut donc Le Havre ? Des rentrées d’argent ? Moins de voitures ? Une bonne image qui la rendrait attractive auprès des populations extérieures ? Que ces populations soient plus aisées, aient les moyens d’avoir une voiture récente et “propre” tout en ayant les moyens de payer le stationnement par la même occasion ?

D’AUTRES TENSIONS A REGLER

Les résultats de ces différentes mesures devraient se vérifier sur le long terme. Pour le moment, le stationnement payant crée des démêlés ce depuis plus de 10 ans à un endroit particulier du Havre: l’université. Le placement du parking attenant a été placé en zone orange durant les années 2000 par l’ancien maire Antoine Rufenacht. Il considérait alors que le Cours de la République était une zone commerciale et n’est jamais revenu dessus au grand dam des syndicats étudiants, l’UNEF en tête. Celui-ci a d’ailleurs interpellé Edouard Philippe à ce sujet lors du dernier forum de l’Enseignement Supérieur du Havre et a demandé une rencontre une audience avec le maire qui n’a pas encore reçu de réponse.

“Nous avons questionné près de 1000 étudiant.e.s par rapport à leurs problématiques vis à vis de leurs moyens de déplacements. (…) De ces questionnaires sont ressortis deux exigences principales : la nécessité de la création d’un véritable tarif étudiant aligné sur le tarif précaire, qui est de 12,20€ et la gratuité des parkings autour des sites universitaires. (…) Il apparaît clairement que la situation financière des étudiant.e.s au Havre est extrêmement précaire et que les tarifs du réseau LiA, ou des parkings autour des sites universitaires, sont beaucoup trop élevés pour des budgets de plus plus en restreints” (Extrait de la lettre de l’UNEF du Havre adressée à Edouard Philippe)

Menaçant de manifester  lors du conseil communautaire de la CODAH, le 9 février, l’UNEF va finalement être reçue par Edouard Philippe prochainement. Les étudiants de l’UNEF sont soutenus par les élus communistes du Havre qui avaient déjà lancé une pétition suite à la hausse des tarifs de stationnement en 2015. La question du stationnement ne devrait donc pas en rester là, elle (si si, on a osé la faire).

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Maxime Malfoy

Journaliste passionné, Maxime jongle entre radio, vidéo et presse écrite depuis 8 ans. Et pour ce tout terrain de 30 ans, l'important est de transmettre l'information en direct et sans filtre. C'est pour cette raison que Maxime a lancé Seinomedia.fr en janvier 2017.
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